Douceur du Silence
Exposition de 3 artistes
du mercredi 15 février au dimanche 02 avril 2023
Vernissage le Samedi 18 février 2023 à 18h
Artistes
• Michel CHARPENTIER • Tony GUILLOIS • Katy SERRA
Ouverture
11h – 18h
Lundi au Dimanche
Prochaine Exposition :
Point Rouge Gallery présente
• Flo ARNOLD
• Christophe MIRALLES
du mercredi 05 avril au dimanche 21 mai 2023
Vernissage le samedi 08 avril 2023 à 18h
Une belle exposition est comme un bon champagne : c’est l’assemblage subtil des cépages qui forment le jus idéal. Dans ce nouvel accrochage, une fois encore, c’est l’équilibre des complémentarités et des oppositions qui permet une compréhension rehaussée des univers de Michel Charpentier, Tony Guillois et Katy Serra. Une sensuelle incertitude semble chacun les guider, mais ce sont le silence et le secret qui ici, si différemment pour chacun, règnent en maîtres.
Michel Charpentier embrasse la matière, la prend, l’étreint et l’enlace. C’est un combat presque mythologique, tel un Héraclès soulevant Antée de terre pour l’étouffer. Mais, de cette terre ou du ciment grossier qu’il ennoblit et élève au rang d’un marbre sans pareil ni précédent, Michel Charpentier crée la vie et non la mort. Naissent alors des corps sublimés et silencieux, des cris muets et de callipyges Vénus. À les regarder, on sent qu’un drame s’est joué, mais sa trace est comme effacée et ne reste que la frémissante beauté de la vie.
Chez Tony Guillois, c’est du chaos que naît l’ordre. Corps, crânes ou paysages germent d’une foisonnante et voluptueuse matière. Un sourd érotisme baigne ces rigoureuses compositions, car plus que le sujet lui-même, c’est la richesse des couches picturales, la délicatesse, le raffinement et la sensibilité des accords de couleur qui suggèrent plus qu’ils ne disent. Une force tellurique semble secouer la terre, comme à l’instant d’avant une probable explosion : la nature retient son souffle, le mouvement est figé et tout se tait. Expectative, sans doute, espérance, peut-être, désir, certainement. Mais de quoi?
Et c’est encore une tout autre histoire que nous conte Katy Serra. Ses intérieurs sont peuplés d’absence et le vide se développe jusqu’au vertige. C’est la vie elle-même qui y semble nous isoler de la vie. Ce sont là des natures mortes, dans l’acception anglaise des «still lives», ces vies tranquilles, si tranquilles chez Katy Serra, trop tranquilles pour être sans inquiétude. On pense aux Maîtres hollandais et de l’Europe du Nord ; mais ici la lumière est plus chaude, méridionale, sans doute. Et c’est cette lumière qui devient plus forte que le temps, ce temps arrêté, bloqué, abandonné, enrayé peut-être.
Voici le dialogue secret auquel le spectateur est invité au cœur de cette exposition, un conciliabule insonore, un échange silencieux entre trois artistes si différents qu’ils ne peuvent que tendre l’oreille, s’écouter et s’accorder.
Étienne Yver