Artiste Jean Pierre RUEL,
Peintre
La matière comme fiction De l’art rupestre à l’art médiéval, du Quattrocento à la période moderne, il a rapporté une brocante de signes. Des pièces à conviction universelles retenues pour leurs qualités esthétiques ou leur valeur métaphorique. Naturellement porté vers la figuration bien qu’animé par une forme d’expressionnisme, il a ensuite redistribué ces fragments dans de curieuses ébauches allégoriques. Pour en extraire une symbolique, il faudra bien se contenter de ces indices énigmatiques. La part de l’inconscient fera le reste. Détaché d’un discours pictural dont il n’a jamais souhaité être trop imprégné, trop persuadé, Jean-Pierre Ruel s’est toujours exempté de préméditations narratives. Au sein d’ une époque saturée de théorie, ses fables doivent à un exercice de désinvolture, un alibi pour sa fureur picturale. Mais si la facture sous-tend une décrispation vis-à-vis du principe d’achèvement, de propreté visuelle, il ne disqualifie pas pour autant celui de finalité. Dans chacune de ces fictions construites dans une sorte de décontrôle, l’essentiel semble être d’agréger masses, chromatisme et matière. Être peintre en premier lieu. Déjouer le protocole du sens et faire du flacon l’ivresse : ici, une flèche signifie moins : je tue que : je traverse sans état d’âme la masse colorée d’un corps. Et, plus loin : libéré de tout affect démonstratif, je ne fais qu’équilibrer la composition.
Stéphan Lévy-Kuentz